Coach professionnelle, formatrice soft skills et fondatrice d’EGO-LOGIC, Delphine Aubin-Mousset accompagne les organisations et les personnes à traverser plus sereinement les périodes de changement et de transition. L’humain est au cœur de son action, notamment lors des séances de codéveloppement qu’elle anime avec beaucoup de passion et d’engagement. Explications sur une démarche constructive et positive.
Quel est le principe du codéveloppement ?
« Le codéveloppement repose sur l’idée d’apprendre, entre pairs, à partir d’un petit groupe de personnes (5 à 8) partageant des problématiques communes mais ne travaillant pas au sein d’une même équipe. J’anime actuellement un cycle de 10 séances, concentrées sur cinq journées, dans le cadre du programme de formation « Pas de culture sans entreprendre », porté pour la quatrième année par Appuy Culture*. Les participants sont donc des professionnels de la culture. Je pourrai également accompagner des chefs d’entreprises, des managers ou des infirmiers par exemple. L’essentiel, dans une démarche de codéveloppement, c’est de se mettre autour d’une table dans l’intention d’améliorer ses pratiques, selon une méthode bien établie, développée au Québec par Adrien Payette et Claude Champagne. Cette méthode part du constat empirique de ces deux auteurs, de la possibilité d’apprendre en démêlant certaines situations de blocage ou difficultés rencontrées sur le terrain, par des échanges structurés et en croisant les regards. Preuve que tout n’est pas écrit dans les livres et que l’expérience peut contribuer à résoudre bien des problèmes. »
Comment cette méthode favorise-t-elle l’intelligence collective ?
« Cette méthode des groupes de codéveloppement professionnel et managérial est très structurante. Elle commence par un tour de table qui invite à partager « le matériau du jour ». Un contrat est alors passé entre la personne qui amène son sujet, qu’on appelle le client, et les autres qui sont nommés consultants, pour leurs conseils et leur vision. Sujet et client peuvent également être préparés et définis à l’avance. Pour ma part, je trouve que ça enlève beaucoup de spontanéité. Je préfère que dans mes groupes le client soit choisi en émergence, une fois que chacun a posé son sujet. Un temps d’écoute puis de questionnement sert à comprendre ce que vit la personne, ce qu’elle ressent et à saisir son environnement. Ensuite, chaque participant apporte, en fonction de la demande du client, des partages d’expérience, des conseils, un point de vue, des idées, des solutions, lors d’une phase de consultation. A la fin, une synthèse est restituée par le client à qui il a été demandé, au préalable, de noter tout ce qui se dit. La signature du codéveloppement, c’est ce moment d’apprentissage en commun et cette prise de conscience que les personnes qui aident apprennent autant que celle qui est aidée. »
Pourquoi est-il important de garder le même groupe ?
« Les cycles de codéveloppement se déroulent dans la durée, toujours avec le même groupe. En effet, les personnes qui ne se connaissent pas en démarrant la première séance apprennent à se comprendre, à s’écouter et à se réguler entre elles. Cet apprentissage très précieux nécessite un peu de temps. Il s’accompagne de règles de base qui sont la confidentialité, avec le postulat que tout ce qui se dit dans le groupe reste dans le groupe, le parler vrai associé à la bienveillance, c’est-à-dire à exprimer sa perception dans le but d’aider l’autre, ainsi que l’engagement. Si tout le monde joue le jeu, ces séances de 3 heures parviennent réellement à faire grandir les participants. »
Propos recueillis par Cécile Jouanel
* Le projet Pas de Culture Sans Entreprendre #4 (accompagnement, formations et valorisation entrepreneuriale) est mené en partenariat avec PEPITE (Pôles étudiants pour l’innovation, le transfert et l’entrepreneuriat) et l’agglomération de Moulins qui porte le projet de Maison du Design. Il est soutenu par le ministère de la Culture et la Coopérative d’Activités et d’Emploi Appuy Créateurs.